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Quelqu'un de bien

(La febbre)

un film de Alesandro D'Alatri
Site officiel 

ANNECY CINEMA ITALIEN 2005
Prix Sergio Leone
Festival du Film de Siviglia 2005 : Premier Prix
Festival du Film International de Chicago 2005 : En compétition
Festival des Films du Monde de Montréal 2005 : Compétition Mondiale
Festival du Film International d'Inde 2005 : Cinéma du Monde

Envie de travailler ? Facile à dire, beaucoup moins à réaliser. Mario, jeune provincial, le découvrira à son tour lorsqu'il sera confronté à une véritable première expérience de travail. Il vit chez sa mère qui est veuve. Il forme le projet de créer une discothè-que avec un groupe de copains. Mais ce projet devient inopinément un projet mu-nicipal dans lequel Mario ne va pas retrouver son état d'esprit d'entrepreneur. Seuls l'amour pour Linda et un pas de plus vers la maturité feront « tomber sa fièvre ».

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  Fiche technique

Année 2005
Durée 122'
Langue Italien, vost
Visa 115624
Format 35mm, Couleur
Scénario Gennaro Nunziante, Alessandro D'Alatri, Domenico Starnone
Photographie Italo Petriccione
Montage Italo Petriccione
Son Tullio Morganti
Musique Fabio Barovero, Roy Paci, Negramaro, Simone Fabbroni
Décors Luigi Marchione
Costumes Gemma Mascagni
Interprètes Fabio Volo, Valeria Solarino, Cochi Ponzoni
Production Rai Cinema et Rodeo

  Critiques

Avec La Febbre, Alessandro D'Alatri, né en 1955 et réalisateur de Sanza Pelle, signe un très beau film générationnel. Témoignant du même sens dramaturgique et du même goût pour le récit que Tullio Giordana de Nos plus belles années. D'Alatri confronte les idéaux d'un trentenaire désoeuvré à la réalité de l'Italie contemporaine et à la dimension ubuesque de la bureaucratie. On s'attache aux pas de ce personnage complexe pendant plus de deux heures, suspendu à la moindre de ses décisions. (...) "Grâce à un scéranio tiré au couteau et à des trouvailles visuelles souvent hilarantes, La Febbre évoque parfois l'Ettore Scola des années 70." (...) "Signalons que les comédiens sont tous époustouflants de naturel."
POSITIF

Une fièvre au goût de romance sous acides.

Le couple encore mais sous des feux plus heureux. Avec La Febbre, Alessandro D’Alatri définit lui même son film comme une déclaration d’amour et de rage envers son pays. L’amour d’abord, où les plus vieux clichés peuvent parfois s’avérer les meilleurs. D’Alatri convoque pelle mêle vespa, poèmes et promenade en barque. Tous deux sont beaux, jeunes, et souriants. Lui, apprenti architecte qui bâtie, invente, rêve et vit toujours chez sa mère. Elle, go-go danseuse la nuit, s’apprête à partir aux Etats-Unis finir sa thèse sur le poète Derek Walcott. Un fils sort des jupes de sa mère pour se glisser sous celles de sa copine. Un couple se sépare dans une gare puis se retrouve et s’aime. C’est aussi ça le cinéma : un film de lucioles pour mieux aimer la vie.

L’amour sans oublier la rage. Au moment où il rencontre sa belle, Mario découvre la joie solaire du fonctionnaire. Dans la mairie, un univers de lustres, de parquets cirés, de mesquinerie. Il y découvre la mort chez les vivants. Sa gentillesse, sa bonne humeur lui valent d’ailleurs d’être persécuté du soir au matin par son supérieur, avant qu’il ne soit tout simplement relégué au cadastre des cimetières. Une descente au goût pissenlits, dont D’alatri filme les allées, les galeries de visages sépias, les cadres photos et leur forme ovoïde reprise partout sur les décors du film.

Car s’il manie l’ironie légère et cinglante, D’alatri n’oublie pas d’être cinéaste. Passant du vert des cimetières aux moisissures de bas d’immeubles, d’une nuit d’ivresse sur un trottoir à la blancheur d’une chambre d’hôpital, le réalisateur italien fait preuve d’une virtuosité qui n’est pas sans rappeler le Tim Burton des débuts. Une proximité entre burlesque et mélancolie où le rêve bascule vite au plancher pour finir sur le rire. Où rien n’est impossible pour se faire bon laquais. Où l’on s’occupe des morts comme de joufflus nouveaux-nés. Satire au vitriol d’une administration grande castratrice, figure éternelle de la mama italienne, La Fièvre, fable amoureuse à l’humour pétillant d’acides, aura brillé par sa fraîcheur. En recevant le prix Sergio Leone du festival, D’alatri confirme donc son talent de réalisateur de premier ordre. En affirmant l’art comme soupape à la nécrose, il signe une merveille de comédie, tout à la fois intelligente, populaire et universelle.

Un silence particulier : l’amour et l’autisme.

« J’éprouve de la souffrance. Pour cette fille j’ai souffert dans ma chair. J’ai appris à vivre aussi. » On comprend vite que le film de Stefano Rulli sera particulier et rare. Parce qu’il filme des trisomiques, parce qu’il se filme lui-même, parce qu’il filme sa femme, parce qu’il filme Matteo, leur fils autiste âgé de 25 ans. A voir tous ces corps vivre dans une maison d’accueil, on perçoit d’emblée une distance juste, à la fois intime et nécessairement lointaine. Intime d’abord par leur parole. Stefano Rulli, parce qu’il est père de l’un des leurs, est accepté de front, et nous spectateurs avec, mis dans la confidence, propulsés dans l’intime. Comme si l’hésitation, la méfiance, la façade télévisuelle des autistes avaient ici disparu, conférant à tous ces mots, ces confidences, une force brute, une intensité rares.

C’est en ne trichant pas que Stefano Rulli signe un film immense. L’intimité de fait ne cache pas l’éloignement, la différence fondamentale. Le film bascule en permanence entre ces deux options. On les regarde s’aimer, eux qui semblent plus libres et plus fragiles face à leurs émotions. Rulli filme des amours, des mariages qui se font puis s’étirent. Il les filme danser, rire et parler surtout. Ils sont là en égal. Aussi fous d’amours et blessés par la mort que nous pouvons tous l’être. Où l’on revoit Carlotta, filmée lors d’une autre fête, avant qu’elle ne décède, et qu’on lise ces poèmes. « La mort arrive, lente. Adieu pour toujours. Je veux que vous me quittiez, pour toujours ».

Une force de la parole que vient parfois concurrencer celle des images. Un corps d’enfant penché sur une piscine éclairée sous l’eau, un fils qui observe l’état des yeux de son père tandis qu’on chante derrière Father & Son de Cat Stevens. Ou les mêmes à quatre pattes dans un champs couvert de grands miroirs posés sur l’herbe. Car c’est bien là, au cœur du cinéma, par les images, le scénario, la mise en scène que le projet prend corps. A la toute fin du film par exemple, lorsque Matteo assis près du feu se voit confier un nourrisson. D’un coup, la tension dramatique monte et se rapproche des flammes. Rulli, de l’autre côté de la pièce, filme la scène en s’approchant peu à peu. Matteo berce l’enfant, sourit, et chantonne très doucement.

Tout passe par la croyance, l’espoir et son versant plus sombre. Rulli filme l’ensemble, sa vie, son couple, son fils. L’histoire de parents condamnés à chercher, comprendre et peut être ne pas tout se rappeler. Qu’ils peuvent se faire pousser, rejeter, frapper légèrement par leur propre fils. Et qu’il suffit d’un rien. Un bruit à peine trop fort ou le souffle du vent, et tout devient épreuve. Se calmer, se laver, se coucher. La bascule du bonheur à l’angoisse en un fragment de seconde. Un film bouleversant par ce qu’il montre de l’amour, de la patience, de la souffrance qui tout du long traversent ces êtres.

La vie en quelque sorte, poussée plus loin par le prisme d’un cadre. Le festival aura pris cette mesure. Une édition forte par sa mise au réel, son engagement face au présent, aussi bien au centre qu’à la marge. Qu’il s’agisse des comédies, des drames ou des documentaires, le constat demeure au fond identique. C’est lorsqu’il se fait radical à l’intérieur d’un genre que ce cinéma-là nous prend. Reste à giffler l’image pour tenir l’avant-poste.

Stéphane Mas

  La réalisation, Alesandro D'Alatri

Biographie

Né en 1955, Alessandro D'Alatri est avant tout l'un des plus grands réalisateurs de publicités contemporains. Au total plus de 200 spots qui ont laissé une empreinte indélébile dans l'imaginaire du téléspectateur italien. D'Alatri passe ainsi à la réa- lisation d'un long-métrage à 36 ans, pour un film de commande (scénario de Enzo Monteleone), Americano rosso. D'Alatri devient un auteur à part entière avec Senza pelle. Après un voyage en Israël où il a présenté Senza pelle, d'Alatri décide de relire tous les évangiles. Puis il écrit I giardini dell'Eden (Les jardins de l'Eden) avec la colla- boration d'un écrivain juif (Miro Silvera). Dans Casomai, il n'hésite pas à affronter tous les clichés sur les sentiments et le couple en général : un film sur l'amour plus qu'un film d'amour. Dans La febbre (La fièvre), il reprend Fabio Volo, son acteur, une sorte d'alter ego, et le place de nouveau face à des choix qui finissent par influer sur toute sa vie. Tandis qu'il voulait monter un bar de nuit avec ses amis, il gagne un concours pour travailler dans la mairie de sa ville. Là, ses bonnes intentions se heurtent à la bureaucratie et à la médiocrité ambiante.

Filmographie

Americano rosso (1991)
Senza pelle (1994)
Il prezzo dell'innocenza (1996)
Ritratti (1996)
Bravo Randy (1997)
Giardini dell'Eden (1998)
Casomai (2002)
La Febbre (2005)