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Un silence particulier(Un silenzio particolare)un film de Stefano Rulli |
David di Donatello 2005 : Meilleur film documentaire
Festival du Film International de Vancouver 2005 : Premier meilleur documentaire
Biennale de Venise 2004 : Premier Arca Cinema Giovani - film digitale
ANNECY CINEMA ITALIEN 2005
Prix des lecteurs DAUPHINE LIBERE
Prix Spécial du JURY
Prix Spécial du JURY CICAE
Dans la lignée du dérangeant documentaire « Fous à délier » signé Silvano Agosti, Marco Bellocchio, Stefano Rulli et Sandro Petraglia, « Un silenzio particolare » arrive trente ans après, avec une dimension moins politique et plus intime, même si le film s'appuie sur une vision alternative de la société et des rapports entre les gens. Stefano Rulli, a rencontré pour de bon la maladie dans un face à face quotidien et bien plus exigeant que tout présupposé idéologique. De fait, Stefano a un fils, Matteo, aujourd' hui âgé de 25 ans, qui souffre d'autisme.
C'est maintenant que Stefano a trouvé le courage, avec l'aide de son épouse, l'écrivain Clara Sereni, de braquer une caméra vidéo sur les tempêtes que cette famille a traversées, sur les moments d'espoir et de découragement.
Fiche technique
Année | 2004 |
Durée | 75' |
Langue | Italien, vost |
Visa | |
Format | 35mm, Couleur |
Scénario | Stefano Rulli |
Photographie | Ugo Adilardi |
Montage | Ugo Adilardi |
Son | |
Musique | Giancarlo Bocchi, Carlo Siliotto |
Décors | |
Costumes | |
Interprètes | Matteo Rulli, Stefano Rulli, Clara Sereni |
Production | Paneikon, Fondazione « La città del sole » |
Critiques
"Nulle complaisance, ni désir d'apitoiement : le cinéaste se contente, par le biais de sa caméra, de partager avec le spectateur l'univers dans lequel il baigne au quotidien"
POSITIF
"Un silence particulier" : au plus près de l'autisme
Stefano Rulli est l'un des coauteurs (avec Stefano Agosti, Marco Bellochio et Sandro Petraglia) du documentaire Fous à délier (1975), plongée dans le monde douloureux des pensionnaires d'un asile psychiatrique. Il est devenu ensuite scénariste pour Bellochio (La Mouette), Luchetti (Le Porteur de serviette), Rosi (La Trêve), Amelio (Le Voleur d'enfant, Les Clés de la maison), Marco Tullio Giordana (Nos Meilleures Années)...
Avec sa femme, l'écrivain Clara Sereni, il a surtout été confronté personnellement à ce qu'il avait filmé dans Fous à délier : la naissance d'un enfant autiste.
Double épreuve : celle de voir son fils Matteo en proie à une maladie mentale qui le rend craintif, nerveux, obsessionnel, violent, et celle de l'isolement, à cause de la fuite des amis et connaissances.
En 1998, il est l'un des cofondateurs de la Cité du soleil, structure bénévole dont le siège est à Pérouse, destinée à expérimenter des modèles d'intégration avec des victimes de maladies mentales. L'un des objectifs de cette fondation est d'utiliser la production audiovisuelle comme instrument de connaissance et de partage. Ainsi est né, au fil du temps, Un silence particulier.
D'abord des images filmées par Stefano Rulli, à ses frais, sur le gîte rural où s'épanouissent les pensionnaires de la Cité du soleil. Puis un film construit et dialogué, évoquant des fragments de vie personnelle, les rapports de Rulli avec son fils. Et un projet destiné à ceux que le contact avec les malades psychiques effraye : "Nous avons voulu leur donner la possibilité de mieux connaître la condition du malade mental et de ceux qui vivent avec lui, leur offrir des éléments susceptibles de regarder la différence d'une autre manière et de s'en tenir moins éloignés."
CRISES ET RÉMISSIONS
On découvre Matteo dans un film super-8 rayé, inerte dans les bras de sa mère ou à quatre pattes comme n'importe quel bambin. A ces images de vacances succèdent celles de l'inauguration de la Cité du soleil, puis de l'arrivée de jeunes handicapés. Matteo, 20 ans, reste seul dans la voiture à écouter de la musique, refusant d'échanger un mot avec les invités : "Je veux aller chez moi !" Des mois plus tard, il accepte de venir au mariage de deux de ses amis, mais reste fébrile, distant, hors de la grande tente où se déroule la guinche. Il faudra la mort de l'une des pensionnaires pour qu'il se joigne au groupe. La naissance de Sara, la fille des gérants du gîte rural, sort à nouveau Matteo de ses crises, partiellement. Il sourit mais il suffit d'un pleur pour que quelque chose se fissure en lui.
Alternance de séquences attendrissantes et poignantes. Celles des malades exaltés par la surboum, désinhibés face au sexe opposé, au bord des larmes pour un baiser refusé. Ou celles de Matteo couché, implorant son père de lui prendre la main, perdant patience, le frappant, incapable de poursuivre une conversation. Père-fils : une douleur perceptible sur le visage de l'un et de l'autre, en même temps que l'impression d'une complicité viscérale tenue à distance par une puissance obscure.
"Laissons-lui le temps", ont répété les parents de Matteo depuis plus de vingt ans. Aujourd'hui, le fils apprend à se contrôler. L'agressivité à l'égard de sa mère se mue en une difficile étreinte. Rémission fragile. Le vent assaille la ferme. Matteo implore la fin de ce souffle obsédant. Réclame un silence particulier. Pas un spectateur ne songerait à le lui refuser.
LE MONDE Jean-Luc Douin Article paru dans l'édition du 19/07/2006
"Lettre d’amour d’un cinéaste à son fils autiste."
C’est un journal intime. Une lettre d’amour envoyée par un père à son fils. Le père (le réalisateur, donc), Stefano Rulli, a été le collaborateur de Marco Bellocchio, de Marco Tullio Giordana, et a écrit, avec Gianni Amelio, le scénario des Clés de la maison, sur un enfant autiste… Le fils, c’est Matteo, un jeune homme qui a « des problèmes psychologiques », comme dit Stefano Rulli, et à qui lui et sa femme ont consacré leur vie. Entre le père et le fils – mais la mère est bien là aussi, ardente et silencieuse –, il existe une proximité, mais aussi une distance que Stefano Rulli parvient à nous faire partager, nous, spectateurs étrangers, qu’il rend peu à peu complices de ses espoirs et de ses doutes. On finit par contempler avec la même angoisse que lui ce jeune homme qui semble, constamment, à la lisière de sa vie, comme en attente. Lorsque les mots lui manquent, Matteo donne des coups, ou plutôt des bourrades, à ce père qu’il couvre, l’instant d’après, de baisers tendres, doux et fous.
Stefano Rulli montre Matteo parfois tout près, parfois trop loin de lui et des autres. Notamment des pensionnaires de La Cité du soleil, ce gîte rural où l’on voit vivre – mourir, parfois – des autistes légers, souriants et lucides sur leur état. « J’ai ressenti de la douleur dans mon corps, dit l’un d’eux en souriant, puis j’ai appris à vivre. » C’est tout le sens de la démarche de Stefano Rulli, qui clôt sa lettre intime sur des images étrangement pacifiées.
TELERAMA Pierre Murat
La réalisation, Stefano Rulli

Né en 1949 à Rome, il a une longue expérience depuis 1975 en matière de scénarios écrits le plus souvent avec Sandro Petraglia. Il est coréalisateur de deux ?lms dont le fameux Matti da slegare. Un silenzio particolare est son premier long métrage personnel.
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I Giardini dell'Eden (1998) |